Le Vignoble - Ma philosophie
Un jardin vivant au cœur de Saint-Émilion
À 2 km au sud-ouest du village de Saint-Émilion, je cultive 1,22 hectare de vignes sur un terroir argilo-sableux reposant sur calcaire.
La parcelle est conduite en agriculture biologique certifiée, selon une approche inspirée de la permaculture.
Ici, chaque pied de vigne est soigné avec attention, comme une plante de jardin.
Entre les rangs, la vigne partage l’espace avec des haies fruitières, des plantes aromatiques, des fleurs sauvages et une végétation spontanée que je guide sans la contraindre.
Cépages cultivés : 90 % Merlot, 10 % Cabernet Franc, sur une seule parcelle vivante, pensée comme un écosystème à part entière
🌿 Une viticulture sans intrants ni artifices
Le choix est simple mais radical :
❌ zéro intrant
Pas d’engrais, pas d’herbicides, pas de pesticides de synthèse.
Tout repose sur la résilience naturelle du vivant :
un sol vivant, une plante autonome, un écosystème complet.
🌱 Aucun travail du sol
Ici, le sol n’est jamais travaillé.
Ni labour, ni griffage, ni décavaillonnage, ni passage d’outil entre les rangs.
C’est le principe fondamental de mon approche.
Pourquoi ? Parce que le sol est vivant.
Le moindre passage mécanique perturbe des réseaux microbiens complexes, casse des galeries de vers, assèche la surface et dérègle les équilibres naturels.
Le sol n’est pas un support, c’est un organisme.
On ne le “travaille” pas : on le respecte.
Ce choix a des conséquences concrètes :
🔬 La vie du sol prospère
Un sol jamais travaillé est un sol pleinement vivant.
Sous la surface, un réseau complexe de mycorhizes, bactéries, insectes et vers de terre transforme la matière organique en nutriments assimilables par la vigne.
Mais la fertilité ne vient pas que du compost ou des feuilles mortes : elle vient aussi des racines , qui meurent, se décomposent, puis repoussent.
Ce cycle permanent — croissance, décomposition, régénération — crée un sol meuble, aéré, riche, où la vigne puise ce dont elle a besoin, sans ajout d’engrais.
En respectant ce cycle, on laisse au sol la capacité de s’auto-fertiliser.
💧 Un rôle tampon face aux excès
Un sol non retourné, avec son enherbement permanent , agit comme une éponge régulatrice.
En cas de fortes pluies, il absorbe mieux l’eau grâce à sa structure stable et poreuses. En période de sécheresse, il conserve l’humidité plus longtemps, protégé par le couvert végétal. Le couvert joue aussi un rôle de paillage naturel, limitant l’évaporation.
Mais ce n’est pas tout : ce type de sol amortit aussi les variations de température.
Il reste plus frais l’été, moins froid l’hiver, créant un microclimat plus stable autour des racines.
C’est un sol tampon, qui protège la vigne des excès du climat.
🐞 La biodiversité s’épanouit
Ne pas travailler le sol, c’est préserver ses horizons naturels, les micro-organismes s’organisent par strates : bactéries, champignons, protozoaires, nématodes… chacun joue un rôle précis dans la transformation de la matière, la fixation des nutriments, la structuration du sol.
Au-dessus, cette vie invisible nourrit une faune plus mobile, abrité par l'enherbement :
Insectes auxiliaires, coléoptères, araignées, coccinelles…
Et des vers, cloportes, fourmis, carabes, tous acteurs de la décomposition et du recyclage.
Et enfin les habitants visibles : petits oiseaux, rapaces, lièvres, mulots, hérissons, parfois même un chevreuil de passage.
Chacun, à sa manière, participe à l’équilibre du lieu.
Certains pollinisent, d’autres régulent les ravageurs, d’autres encore aèrent, transportent, fertilisent.
Cette diversité rend la vigne plus résiliente, plus autonome, plus sereine.
Même si on ne le voit pas, même si on ne comprend pas toujours comment, chacun a son rôle à jouer.
🌾 Moins de dépendance mécanique
Ne pas travailler le sol, c’est aussi moins de machines, moins de carburant, moins de passages dans la vigne.
Cela signifie moins de tassement, moins de bruit, moins de dépenses — et plus de temps pour observer, comprendre et agir au bon moment.
🌳 Diversité plantée, diversité vivante
Un pied de vigne sur dix est remplacé, non pas par une vigne mais par autre essence.
Un arbre. Un arbuste. Une plante aromatique ou potagère.
Quelque chose qui vit autrement, à son rythme. Certaines s'épanouissent, d'autres moins...
Je plante dans les manquants.
Pas pour combler, mais pour enrichir.
Des fruitiers : pommiers, poiriers, pêchers, cognassiers...
Des aromatiques : lavande, romarin, thym, sauge, menthe...
Des arbres et arbustes : jeunes chênes, peupliers, pins, noisetiers, aubépines...
Et aussi des potagères : courgettes, citrouilles, fraisiers, framboisiers, capucines, bourrache, rhubarbe…
Chaque plante trouve son utilité:
Elle attire, elle repousse, elle nourrit, elle couvre, elle s’efface.
Parfois elle me donne un fruit. Parfois rien. Mais elle est là, et ça me suffit.
C’est ma manière d’accompagner la vigne.
La laisser pousser au milieu du vivant, pas seule sur une ligne de clone.
🌿 Un sol vivant, couvert toute l’année
Le sol de la parcelle est naturellement enherbé, et particulièrement diversifié
Dans les rangs, on croise du trèfle blanc, de la luzerne, petite et grandes oseilles, du plantain lancéolé, de la pimprenelle, du serpolet, de la bourrache, des graminées sauvages, de la mauve, de la camomille, de la vesce, du liseron, quelques orties, de la linaire, des capselles, des carottes et poireaux sauvages, des champignons, et même de l’armoise qui s’installe là où elle se plaît.
Chacune a sa place.
Certaines nourrissent le sol, d'autres attirent les insectes, d'autres couvrent, protègent ou structurent!
Et bien sûr, une multitude de Dames de Onze Heures, discrètes mais fidèles, comme un clin d’œil à la vigne et à son vin
✨ Une viticulture d’auteur
Je cultive ce vignoble comme un artisan travaille sa matière.
Chaque décision est prise au pied de la vigne, en lien avec la météo, la saison, l’observation du vivant, le ressenti.
Ma conviction :
Le terroir s’exprime toujours mieux lorsqu’on le laisse faire.