🌿 Une annĂ©e dans les Vignes

La vigne a son rythme propre. Je m’adapte à elle.
Chaque saison apporte ses gestes, ses attentes, ses silences, ses angoisses et ses joies!
Ici, pas de viticulture standardisĂ©e : j’avance au fil de la plante, de la mĂ©tĂ©o, du vivant.


❄ Hiver – Silence et taille

La sĂšve est descendue dans les racines. La vigne dort.
C’est le temps de la taille en cordon de Royat : bois à plat, 10 yeux francs par pied.
Je le fais seul, ou ponctuellement avec des amis. La tache est chronophage mais au combien importante et minutieuse.

Je laisse quelques bourgeons en trop, temporairement.
Pour profiter de l’acrotonie : la vigne favorisera naturellement les plus hauts.
Et surtout, en cas de gel tardif, j’aurai des bourgeons de secours.

Je vĂ©rifie aussi mon palissage: remplacer les piquets cassĂ©s, retendre les fils. Il faut que tout soit prĂȘt pour le printemps.


đŸŒ± DĂ©but de printemps – rĂ©veil du sol

 

Le sol se rĂ©chauffe, la vigne pleure, la nature s’éveille.


Je passe la dĂ©broussailleuse seulement sous le rang, premiĂšre tonte de l’annĂ©e.
Pas pour faire propre mais pour créer un milieu sain sous les futurs raisins.
Moins d’humiditĂ©, moins de maladies.

Je reviens ensuite couper les bourgeons laissés volontairement en trop avant que ceux ci ne pompent trop d'energie.
Le choix se fait à l’Ɠil, au toucher.
Puis j’attache les bois, je redonne une forme à la vigne, sans la contraindre.


☀ Fin de printemps – les gestes rapides

 

C’est le moment oĂč tout s’accĂ©lĂšre.
Les pampres explosent, la végétation prend le dessus.
Et moi, je ne peux pas tout faire seul.

Alors je fais appel Ă  des mains amies pour :

l’épamprage, ce travail de patience pour enlever les rejets sur la souche.

la levée des fils, qui guide les rameaux vers le ciel.

C’est long, exigeant, mais essentiel afin de maintenir un environnement sain autour des futures grappes.


Ici, pas de machine, pas de rognage : la vigne pousse librement, comme une liane.
Je ne l’écime pas. Je l’observe.


đŸŒ§ïž D’avril Ă  juillet – veiller contre les maladies

 

Pendant trois mois, je scrute la météo.
La moindre pluie, le moindre coup de chaud, et les risques reviennent.

Je traite avec cuivre et soufre, selon le cahier des charges Bio
Une fois tous les 10 jours, en moyenne, selon les conditions. Un coup de pluie est c'est repartie.
Je me protùge contre deux maladies, et rien d’autre : le mildiou et l’oïdium.

Pas de traitement systĂ©matique. Pas d’insecticide.
Juste ce qu’il faut, au bon moment.

En dĂ©but de saison, je traite au pulvĂ©risateur Ă  dos. L'intĂ©rĂȘt est double, moins consommer de carburant, donc moins polluer, et moins tasser mes sols. De fait, je passe seulement 8 fois par an en tracteurs dans mes vignes.


đŸŒŸ ÉtĂ© – la vigne s’élĂšve

 

L’étĂ©, je laisse faire.
Pas d’écimage, pas de rognage.
La vigne grimpe, s’étale, vit.

Si besoin, je repasse pour une tonte sous le rang, toujours à la débrouissailleuse.
Pour contenir, sans briser.
Et je continue Ă  observer, Ă  chercher les signes : chaleur, blocages, maturité 


🍇 Fin d’étĂ© – la rĂ©colte du vivant

 

Quand les raisins sont prĂȘts — pas Ă  la date, mais dans le fruit — j’appelle l’équipe.
Des vendangeurs, tout Ă  la main, comme toujours.
On sĂ©lectionne les plus belles grappes, Ă  la parcelle, Ă  l’Ɠil.
C’est une cueillette, pas une rĂ©colte industrielle.

Les raisins vont directement au chai, sans attendre.
Et la vigne, elle, peut enfin se reposer.


đŸŒ± Automne – redonner ce qui manque

 

Avant l’hiver, je passe complanter.
C’est-à-dire replanter les ceps manquants.

Pas pour avoir un rang parfait.
Mais pour maintenir la présence, la vie, la cohérence.

 

đŸŒŹïž Puis l’hiver revient.

 

Et tout recommence.
Pas à l’identique.
Mais dans le mĂȘme esprit :
suivre, accompagner

Ici, chaque saison est vivante.
Je ne force rien. Je laisse faire. Et j’interviens quand il le faut.
Ce n’est pas plus simple. Ce n’est pas plus rentable.
C’est juste plus juste.